Pour une écologie sexy

Le cabaret, dans son insolente liberté de parole, a toujours été un reflet immédiat, cru, faussement futile et réellement engagé des problématiques de son temps. Aux côtés des revendications autour du genre se dessine aujourd’hui par endroits une attention marquée à l’écologie.

La Métamorphose des pédoncules – cabaret écolo-queer orchestré par Patachtouille revendique la subversion à traiter le sujet et l’humour vert jusque dans le lombricompost qui trône sur scène, réceptacle des maux d’une société dans ses errances virilistes, sa déroute individualiste et, de fait, consumériste. Le vivre en commun – qui n’est ici ni générationnel, ni politique – se pose en engagement envers l’autre, envers tous, toutes et tout l’univers. Concilier économie et écologie semble naturel à l’équipe, depuis l’administratrice – également permacultrice – jusqu’au maître de cérémonie, qui cultive en permanence des pousses de lentilles dont il se coiffe sur scène, en étendard du vivant (et, de surcroît, rafraîchissant). Une sorte de Gaïa punk, nous dit-il, dans une intuition-germination qu’il verse en tâche d’huile : s’en imprègne qui peut, depuis les enfants auxquels il apprend la danse de la germination dans les ateliers qu’il anime en Ardèche, jusqu’au public attablé des scènes nationales, dérouté par les bruits de nature qui s’envolent du micro…Garder la joie face à l’éco anxiété parce que le vivant est infini ; aborder ce sujet tabou dans bien des milieux de la création sans craindre de ne pas être à la hauteur.

Julien Fanthou construit sa créature comme sa création en tendant vers l’exemplarité, en muse d’un rhizome de pratiques renouvelées de la scène, affranchies des héritages pour une réinvention du vivant – avant Le tout dernier hiver.

Annabel Poincheval

« Ces éléments sont en cours de publication dans la revue du Ministère de la Culture,  Culture & Recherche n°145 (Automne-hiver 2023) – Création artistique et écologie, à paraître en novembre 2023 »

Le Cabaret Patach’, loin d’être potache, affirme en chantant l’impératif et le courage du rire quand nous dansons sur un volcan et que fondent les glaciers. Et ça, c’est fichtrement  gagné !

Denis Sanglard, UN FAUTEUIL POUR L’ORCHESTRE